jeudi 27 octobre 2016

Le travail

Le travail a été à l'honneur dans les médias avec la loi Travail en France. Cela m'a donné l'envie d'écrire un article sur le sujet. Cet article se veut un outil de réflexion personnelle, que je partage humblement avec ceux que le sujet intéresse. Je ne suis pas sociologue et je n'ai pas lu les nombreux livres de sociologie sur le travail.

Note : Vous pouvez télécharger cet article au format PDF pour un meilleur confort de lecture.

Le travail vient du latin Trepalium, qui était un instrument de torture. Je ne m'attarderai pas sur les raisons de cette étymologie... La définition que j'utiliserai est celle-ci : Un travail est le fait d'utiliser du temps dans le but de répondre à un besoin. L'exemple de travail que nous connaissons le mieux est celui du salariat : nous échangeons notre temps et notre force de travail contre un salaire, ce salaire nous permet de répondre à nos besoins (besoins primaires comme la nourriture mais aussi besoins secondaires comme les loisirs).

Table des matières

Préhistoire du Travail

Pendant le Paléolithique, le travail consiste à répondre à un besoin primaire. Il se fait de manière directe, sans intermédiaires : si l'individu a faim, il consacre du temps à obtenir de la nourriture : il cueille des fruits, il chasse, il pêche. Si l'individu a froid, il accumule du bois en vue de faire un feu. Une fois que les besoins primaires sont assouvis, l'individu peut consacrer le reste de son temps à des activités qui ne sont pas du travail : créer du lien social, vénérer les dieux, réaliser des oeuvres artistiques, faire la fête... L'individu travaille le minimum possible et produit uniquement ce dont il a besoin ou envie.

Au Néolithique, entre 12.000 et 9.000 avant notre ère, l'humanité découvre l'agriculture, l'élevage et la céramique. Avec l'amélioration des techniques d'agriculture et d'élevage, la sélection des variétés de plantes cultivées et des races d'animaux élevées, l'être humain augmente sensiblement la production de nourriture. Le temps de travail augmente également, car le rendement est exponentiel et non pas proportionnel au temps de travail consacré : produire deux fois plus ne prend qu'un peu plus de temps. On ne produit plus uniquement pour répondre à des besoins primaires, on produit pour obtenir des surplus. Puisqu'on produit plus de nourriture que nécessaire, une partie de la population n'a plus besoin de travailler aux champs. Mais pas question que le paysan donne gratuitement la nourriture qu'il a laborieusement semée, protégée et ramassée ! Une partie de la population se spécialise donc dans d'autres professions : soldat pour protéger les récoltes, chef pour gérer les conflits, prêtre pour attirer la grâce des dieux, artisan pour fabriquer des objets nécessitant une grande maîtrise technique, mère pour élever plus d'enfants qu'on peut désormais nourrir... C'est la naissance des métiers, ainsi que la naissance du travail tel qu'on le conçoit aujourd'hui.

Au Néolithique, l'individu ne travaille plus seulement pour lui-même, pour répondre à ses besoins primaires. Il travaille pour fabriquer des objets ou des services, il échange ces objets ou ces services contre d'autres objets ou services produits par d'autres individus, afin de satisfaire tous ses besoins.

Le chasseur-cueilleur paléolithique était partie intégrante de la nature, un animal parmi d'autres. L'agriculteur néolithique est maître de la terre, des animaux et des végétaux, il dompte la nature et la transforme selon son bon vouloir. Le Paléolithique produisait seulement ce dont il avait besoin, le Néolithique produit autant qu'il le peut. Le Paléolithique gagnait sa place dans la société par les dons qu'il faisait à ses camarades, symboles de sa richesse et de sa grandeur d'âme. Le Néolithique gagne sa place dans la société par ce qu'il possède, qu'il l'ait produit ou qu'il l'ait pris à autrui. Le besoin de produire des surplus va de pair avec le besoin de posséder : pourquoi produire si l'on n'a pas intérêt à le faire, si le fait de posséder n'a pas d'importance ?

La possession devient le moteur des nouvelles sociétés Néolithiques : tout ce qui permet de produire des surplus est gage d'une élévation dans la société. On possède la terre, on possède ce qu'elle produit. Bientôt, on possède également les hommes, ceux qui n'ont pas de terre et que l'on fait travailler en échange d'une partie du fruit de leur travail, ceux à qui on prend les terres ou le travail par la force. Les familles sont maintenant dominées par des chefs de tribu, et leur protection - forcée - a un coût. Ces chefs de tribu passent eux-mêmes sous la houlette de chefs de clan, qui sont eux-mêmes soumis par les rois de vastes royaumes. C'est le début de la hiérarchisation de la société.

Le travail n'appartient plus seulement à qui le produit, il est partagé en plusieurs parties et seule une de ces parties appartient au travailleur. Il est désormais nécessaire de quantifier le travail de manière plus durable que le troc, afin que chaque partie soit, sinon distribuée de manière équitable, au moins de manière cohérente. Les premiers systèmes monétaires apparaissent, avec des objets dont la valeur connue de tous permet de servir de monnaie d'échange : "- Je t'achète ton sac de lentilles en échange de 3 coquillages. - Non pas question, 3 coquillages c'est la valeur d'un sac de blé, les lentilles c'est au moins 4 coquillages !" Peu à peu, ces objets de valeur connue deviennent les premières pièces de monnaie, c'est-à-dire des objets qui sont fabriqués spécialement pour quantifier la valeur des autres objets.

Le marché est né : la rencontre de l'offre (le vendeur) et de la demande (l'acheteur) qui se retrouvent et s'accordent sur le prix des denrées. Le travail a désormais une valeur, quantifiable en théorie, qui varie selon divers critères. Le travail a également un prix, celui auquel le travail est acheté et vendu, qui peut être ou non représentatif de sa valeur réelle.

Le travail aux XIXe et XXe siècle

Aux XIXe et XXe siècle, l'industrialisation amène une nouvelle révolution : grâce au travail à la chaîne, aux machines-outils, à l'amélioration technologique, la productivité augmente énormément. Cette évolution entraîne plusieurs changements :

  • Le travail se complexifie. La majeure partie de la production n'est désormais plus assurée par l'individu seul, l'individu devient un rouage d'une vaste machine de production
  • L'individu n'est pas le propriétaire de son outil de travail car l'appareil de production coûte très cher et nécessite de nombreux individus pour fonctionner
  • Le niveau de vie augmente car la production de masse permet de faire baisser le coût des denrées, ce qui permet à une plus large partie de la population d'y avoir accès. Il faut par ailleurs trouver des débouchés à cette production massive, en permettant l'achat de cette production par les classes moyennes.

Grâce au développement de la démocratie en Europe occidentale, les travailleurs gagnent de nouveaux droits aux XIXe et XXe siècles : réduction du temps de travail, droit de grève, premières semaines de congés payés en 1936, allocations chômage, 39 puis 35 heures... La hiérarchie n'est plus toute-puissante grâce à la création de contre-pouvoirs de plus en plus organisés : les syndicats. La hiérarchie peut être remise en question et le travailleur dispose de moyens de pression sur son employeur.

En 1950, les sociologues et les politologues affirmaient qu'en 2000, l'homme travaillerait 4 heures par jour en raison de l'automatisation grandissante du travail : on produirait plus avec moins de main-d'oeuvre. A partir de 1970, l'informatisation a permis d'augmenter la production en réduisant le temps de travail.

A partir des années 50, avec la mondialisation, les gros groupes industriels commencent à délocaliser leurs industries dans les pays pauvres : pourquoi payer un travailleur au SMIC français quand on peut le payer 50 fois moins en Chine ou au Vietnam ? Les années 1980 marquent la fin du plein-emploi et l'industrie française s'effondre. Presque tous les produits qu'on achète au quotidien sont fabriqués en Chine, les français travaillent majoritairement dans le commerce et la prestation de services. En 2016, 10% de la population active est au chômage, 65% de la population en âge de travailler (15-64 ans) a un emploi (source INSEE).

Le travail au XXIe siècle

Au XXIe siècle, l'économie fonctionne selon un système capitaliste. Elle est contrôlée par de grandes sociétés multinationales. Ces sociétés emploient des dizaines de milliers de personnes et elles ont donc un poids politique important. Elles sont possédées par des actionnaires qui détiennent une partie de l'entreprise. L'objectif de ces actionnaires est de gagner de l'argent grâce aux bénéfices (appelés dividendes) générés par la société dont ils sont les co-propriétaires. Comme les actionnaires ne travaillent pas dans l'entreprise, ils recrutent des personnes pour la gérer à leur place. En raison de la taille de ces multinationales, le poids de l'individu, du travailleur est négligeable. La hiérarchie surdéveloppée - parfois 10 échelons au-dessus de lui - empêche le travailleur de faire valoir son point de vue, car à aucun moment il n'a affaire à un supérieur suffisamment haut-placé dans la hiérarchie pour avoir un quelconque pouvoir décisionnel. Les individus réduits à l'état de ligne budgétaire sont déshumanisés et les exigences de profit ne tiennent plus compte de ce que vivent ou ressentent les individus. Seul compte le bénéfice réalisé par l'entreprise.

Le monde est désormais un marché ouvert : tout le monde peut acheter et vendre à tout le monde. Des organisations internationales s'assurent que les états respectent les accords internationaux qu'ils ont signés.

Dans un tel contexte, il est difficile pour un pays comme la France de mener une politique de développement des droits sociaux. La France étant liée par des accords internationaux qu'elle n'a pas les moyens de rejeter, l'économie française se retrouve en concurrence avec les économies du monde entier. Il est impossible de lutter, économiquement parlant, contre un pays comme la Chine dont les ouvriers font des semaines de 70 heures pour un salaire mensuel de 50 €. Les produits fabriqués en Chine seront toujours beaucoup moins chers que les produits fabriqués en France.

L'informatisation et l'automatisation ont supprimé beaucoup d'emplois : ordinateurs, caisses automatiques, distributeurs automatiques, usines automatisées... Ces suppressions d'emplois ont permis aux sociétés de créer plus de bénéfices en réduisant la masse salariale. La pression sur le travailleur s'est accrue : dans un monde où le travail devient une denrée rare, le rapport de force entre travailleur et employeur se déséquilibre. Le travailleur n'ose plus mettre en danger sa situation pour faire valoir ses droits, car le risque de perdre son emploi est trop important.

La France est devenue une société d'hyperconsommation dans laquelle l'individu, transformé en consommateur, est manipulé par la publicité omniprésente afin de créer chez lui de nouveaux besoins. Le marketting est devenu une science, un "neuromarketting" qui cherche les failles du cerveau pour mieux exploiter la faiblesse humaine. La publicité a permis depuis plus de 60 ans l'endoctrinement, le formatage des individus dans un modèle de consommation dont il devient difficile de se départir.

Un système social comme celui de la France est financé en partie par les taxes sur les bénéfices des sociétés. La disparition des frontières économiques permet désormais aux grosses sociétés multinationales de réaliser des montages financiers complexes et légaux qui leur permettent de ne pas payer d'impôts en France : ces sociétés à travers diverses filiales, réalisent les profits en France mais les déclarent dans d'autres pays, dans lesquels les impôts sur les bénéfices sont très faibles. C'est ainsi que des sociétés comme Amazon, Apple, Facebook, Google ou McDonald ne paient quasiment aucun impôt en France. Légalement... (Sources : Cam'intéresse, BFMbusiness, Lefigaro)

Les produits que les français achètent sont fabriqués à l'étranger. Les grosses sociétés qui vendent ces produits ne paient quasiment pas d'impôts en France, ce qui leur permet d'être plus concurrentielles que les petites sociétés qui paient leurs impôts. La France n'a pas les moyens de lutter contre ces problèmes car elle est liée par des accords internationaux. Le système social protecteur des français est alors menacé : la disparition des emplois augmente le coût de ce système, alors que l'argent disponible pour le financer diminue. Les grosses multinationales, dans un contexte économique tendu, sont à même de sécuriser encore plus leur position en pratiquant un lobbying intense auprès des décideurs politiques, sous la forme de promesses et de chantage à l'emploi.

Valeur et prix du travail

Dans une société où l'on ne produit pas tout par soi-même, la valeur du travail est quantifiée afin de permettre l'échange des biens et des services issus du travail de chacun. Cette quantification est en quelque sorte le coût ou le prix du travail, et elle peut s'opèrer en fonction de plusieurs critères :

  • Le temps consacré à la réalisation du travail : un bel objet ayant demandé 50 heures de fabrication sera plus coûteux qu'un objet simple fabriqué en 1 heure. Ce temps de réalisation peut inclure le temps nécessaire à l'extraction des matières premières : des matières premières difficiles à extraire comme le métal seront plus coûteuses que de l'argile facile à trouver et à extraire. Ce temps de réalisation correspond également à la notion de productivité : si l'on produit 3 objets en 1 heure au lieu d'en produire 2, la valeur de notre heure de travail aura augmenté (et la valeur de chaque objet produit aura diminué, étant donné qu'un objet vaudra 20 minutes de travail au lieu de 30 minutes précédemment).
  • L'expertise du travailleur : une compétence rare et demandant de nombreuses années d'expérience pour la maîtriser, augmentera le coût du travail.
  • La rareté du travail : Si un produit demandé est rare, il y aura plus de gens qui veulent acheter le fruit de ce travail (la demande) que de gens capable de vendre le fruit de ce travail (l'offre). Il faudra payer plus cher que le voisin pour obtenir le fruit de ce travail. C'est également valable pour un travail nécessitant des matières premières dont la quantité serait limitée.
  • L'accaparement du travail : Dans le cas où une personne impose sa volonté au travailleur (c'est ce qu'on appelle la hiérarchie), elle pourra faire baisser le coût du travail, en le payant à un prix moins élevé que sa valeur totale.
  • Le besoin auquel répond le travail : Plus un individu estime avoir besoin du fruit du travail, plus il est susceptible de l'acheter, et plus il sera prêt à payer cher pour l'obtenir. Les besoins primaires (manger, boire, dormir...) sont toujours assouvis en premier, les besoins secondaires (loisirs...) sont toujours assouvis en second. Le marketting, la publicité, a pour objectif de créer un sentiment de besoin afin de vous inciter à acheter prioritairement un produit dont l'intérêt réel est secondaire.

Pour survivre, le travailleur doit vendre le fruit de son travail à un prix qui lui permettra d'acheter le fruit du travail des autres, afin d'assouvir au moins ses besoins primaires, et si possible ses besoins secondaires. Le travailleur a deux solutions pour améliorer sa capacité à assouvir ses besoins :

  • Il produit plus de travail
  • Il augmente le prix auquel il vend son travail

Société de possession

Nous vivons dans une société de possession héritée du Néolithique. Posséder est la justification de toutes les inégalités ainsi qu'un frein à la notion même de démocratie. Un individu qui possède a le droit d'être inactif, de ne pas produire un travail utile à la société : c'est ce qu'on appelle un rentier. En revanche, un individu qui ne possède pas n'a pas le droit d'être inactif, il est perçu comme un parasite : c'est ce qu'on appelle un chômeur. La possession justifie cette inégalité criante de traitement entre deux personnes qui ne produisent aucun travail utile pour la société. Cette différence de traitement ne nous choque plus car elle est un héritage culturel, une prolongation du seigneur médiéval et avant cela du chef de clan Néolithique.

Cette notion de possession nous interdit de subvenir par nous-mêmes à nos besoins et nous rend dépendants d'un système social globalisé : il nous est impossible de produire notre nourriture sans posséder, car les terres appartiennent à quelqu'un. Nous ne possédons même plus l'endroit dans lequel nous dormons, et pour lequel nous sommes obligés de payer un loyer, représentant un tiers du produit de notre travail. La notion de possession nous enchaîne à l'obligation de travailler car elle nous empêche d'assouvir nos besoins en dehors d'un système social extrêmement restrictif.

Malgré ses limites, la notion de possession semble indispensable au fonctionnement d'une société moderne. Toute approche qui consisterait à se libérer de son emprise semble vouée à l'échec, le fruit d'un idéalisme naïf : la redistribution des richesses prônée par le communisme mena à l'émergence d'une nouvelle caste de possesseurs. Il s'agirait alors de lutter non pas pour la fin de la société de possession, mais plutôt pour redéfinir le cadre et les conditions de cette possession. Il s'agirait non pas de prôner la fin des inégalités, mais plutôt de les encadrer dans des limites socialement acceptables.

Travail et rentabilité

Actuellement, les indicateurs économiques servent de référence en politique, prioritairement à tous les autres indicateurs (comme les indicateurs sur le bien-être de la population, par exemple). Tout travail ne générant pas d'argent, qui ne puisse se résumer à un chiffre sur un document comptable, est donc considéré comme secondaire. En ligne de mire, les emplois publics dans l'enseignement, la santé, la recherche, et plus globalement tous les fonctionnaires et employés municipaux. De la même façon, un artiste ou une aide à la personne ne rapportent pas d'argent. Le travail doit être rentable, quantifiable par un rapport entre coût et bénéfice, car une valeur sociale (comme la santé) n'est pas quantifiable économiquement. La raison de cette dérive ? La simplification. Les sciences sociales sont un sujet complexe. Les chiffres, eux, peuvent être comparés. Ils perdent pourtant leur sens et leur valeur lorsqu'ils sont employés en dehors de tout cadre social. Derrière les économies d'un licenciement, il y a la détresse d'un être humain. Cette dernière ne peut pas être quantifiée, elle ne mérite pas pour autant d'être ignorée.

On en vient alors à ce paradoxe : dans un pays qui compte 6 millions de chômeurs, on continue à supprimer des emplois au nom de la rentabilité. Quand il ne s'agit pas d'une rentabilité interne à l'entreprise, il s'agit de la rentabilité de l'état : sa capacité à passer sous la barre des 3% de déficit public.

Le travail peut-il se résoudre à ce seul critère de la rentabilité ? Nous vivons dans un pays dans lequel des millions de personnes sont poussées à la précarité faute d'avoir un emploi. Ces personnes ne produisent pas et n'ont pas les moyens d'assurer leur subsistance. Elles sont alors dépendantes des autres pour vivre. Paradoxe : on considère qu'il est plus rentable de priver ces personnes de leur travail, tout en leur reprochant de ne pas produire. Cette dépendance est entretenue par notre système social, puisque le critère de rentabilité détruit les emplois par lesquels elles auraient pu se rendre utiles à la société. Appauvries, elles ne paient plus d'impôts sur le revenu, elles ne consomment plus et ne génèrent plus de TVA par leurs achats, les entreprises vendent moins et génèrent moins d'impôts sur les sociétés... L'état gagne donc moins d'argent, il réduit ses dépenses en supprimant des emplois publics, ce qui augmente à nouveau le chômage tout en réduisant la consommation.

Culpabilisation du chômeur

Le chômeur est souvent perçu comme un parasite social, abusant d'un état-providence à bout de souffle qu'il faudrait démanteler. Cet état-providence serait la cause de tous nos problèmes économiques, en rongeant les bénéfices des entreprises et leur capacité à investir.

Ce constat serait valable et le chômeur serait effectivement un profiteur, si et seulement si il y avait du travail pour tout le monde. On pourrait alors estimer que le chômeur profite de la situation et vit en parasite sur le dos de la société.

En 2012, il y avait 820.000 emplois vacants en France selon un rapport du Conseil d'Orientation pour l'Emploi. Au même moment, il y avait 4,4 millions de chômeurs (catégories A, B et C) (source : Le monde). La France a détruit plus d'emplois qu'elle n'en a créés entre 2012 et 2016, et la courbe commence à peine à s'inverser. On peut donc considérer que si les chômeurs ne trouvent pas d'emploi... c'est parce qu'il n'y en a pas. Peut-on alors leur reprocher de ne pas travailler ? La plupart d'entre eux ne demandent que ça : travailler pour gagner honnêtement leur vie.

Au-delà des chiffres, de ce qu'on en fait et de l'idéologie qu'ils servent, il faut se poser la question de l'utilité d'enfoncer dans le mépris et la dévalorisation 5,5 millions de personnes (chiffres du chômage en 2016). Cela servira-t-il la société ? Les chômeurs seront-ils motivés à trouver du travail avec un tel poids sur la conscience ? S'enfoncer dans la souffrance, la déprime et l'exclusion sociale n'amène personne à innover, à entreprendre et à trouver sa place dans une entreprise. La confiance en soi, la valorisation, le respect que l'on reçoit, l'aide qu'on nous apporte, voilà ce qui permet aux gens fragilisés par les aléas de la vie de se relever et de se reconstruire. Car le travail, au-delà d'être un moyen de subsistance, est l'un des piliers fondateurs par lesquels nous construisons notre existence et nos relations sociales. Il est un révélateur de notre confiance en nous, de notre bien-être et de notre bonheur. Nous en priver est un crime.

Partant du principe qu'il n'y a plus assez d'emploi pour tous, veut-on une société basée sur l'ultra-compétitivité, avec une concurrence à l'emploi que ne viendrait contrebalancer aucun système social protecteur ? Dans une telle société, 5,5 millions d'adultes (ou 4,5 millions si l'on considère qu'1 million d'emplois sont vacants) seraient abandonnés à leur sort, laissés de côté, à mourir à petit feu dans l'indignité la plus totale. Les raisons ? Leur âge, leur manque d'expérience, le fait qu'ils soient trop spécialisés, ou pas assez, qu'ils aient du mal à se remettre de la mort d'un proche, qu'ils aient fait une déprime grave, qu'ils aient eu des enfants ou qu'ils en veuillent, qu'ils s'appellent Mamadou, Fatima ou Mohammed, qu'ils soient défigurés, obèses, handicapés...

Veut-on vraiment d'une telle société ? Réfléchissez-y avant de stigmatiser qui que ce soit. Car les mots ont un pouvoir. Bien trop souvent, ils servent à détruire plutôt qu'à construire.

Petit précis (approximatif) de capitalisme

Le capitalisme est le concept économique sur lequel est fondée notre société. Son principe est l'opposition du capital et du travail. Le capital est la possession d'un stock de richesses que l'on va investir afin d'en tirer un revenu. Le travail est le fait d'exercer une tâche afin d'en tirer revenu. Ou, pour faire le parallèle avec ma définition de début d'article : le fait d'utiliser du temps afin de gagner de l'argent, argent qui permettra de répondre à ses besoins.

Le capitaliste, le possesseur du capital, est le propriétaire de l'appareil de production (l'usine...), qu'il a acheté grâce à son capital. Le capitaliste a besoin du travailleur car c'est le travailleur qui fait fonctionner l'appareil de production et qui permet au capitaliste de générer des revenus. Le travailleur a besoin du capitaliste car il n'a pas les moyens de créer son propre appareil de production. Il est impossible de fabriquer une usine par ses propres moyens, et si l'on fait appel à des employés, il faut être en capacité de payer leur travail. Le travailleur ne le peut pas, le capitaliste le peut. En centralisant les capitaux, il simplifie le processus par lequel on construit quelque chose de collectif, qui dépasse l'individu. En échange de ce service rendu, il obtient le droit de prendre une part de ce que produisent les utilisateurs de l'usine (les ouvriers), sous la forme d'un bénéfice.

Ainsi, dans cette définition, on voit que le capitaliste et le travailleur ont besoin l'un de l'autre. Cette relation d'interdépendance est la garante de l'équilibre du système, et de son équité théorique. L'argent n'étant qu'un représenté du pouvoir, de la capacité à posséder et à obtenir, la richesse du capitaliste lui donne cependant plus de pouvoir qu'au travailleur. Par ailleurs, le capitaliste peut facilement remplacer le travailleur. La réciproque n'est pas vraie, car il y a beaucoup plus de travailleurs que de capitalistes. C'est pour rééquilibrer ce rapport de forces que les syndicats sont nés : en se regroupant, les travailleurs ne sont plus négligeables car ils peuvent impacter fortement sur le travail : l'appareil de production ne fournit plus de revenus au capitaliste si les travailleurs se mettent en grève. On retrouve un rapport de forces équilibré entre le pouvoir issu de la possession, et la capacité des travailleurs à nuire à cette possession par leur inactivité.

Le problème, c'est que nous sommes entrés dans une ère d'ultra-technologie, dans laquelle l'appareil de production n'a plus besoin des travailleurs pour générer des richesses. Le taux de chômage augmente à cause des destructions d'emplois, et le rapport de forces est à nouveau déséquilibré par le chantage à l'emploi devenu possible. Ce déséquilibre est accentué par la centralisation des capitaux : les sociétés sont devenues des multinationales, l'ultra-hiérarchisation verticale empêche le travailleur de défendre son point de vue auprès d'un interlocuteur ayant un véritable pouvoir de décision. La puissance de ces sociétés leur permet d'exercer un lobbying en faveur de lois plus libérales, qui mettent en danger l'équilibre social entre capital et travail. Ce sont les fondements de nos sociétés des XXe et XXIe siècle qui vacillent... car lorsque les travailleurs précarisés n'auront plus les moyens de consommer cette surabondance de biens produits, le capital qui tire bénéfice de cette surconsommation finira lui aussi par s'effondrer.

Conclusion

Le travail est partie intégrante de ce que nous sommes. Nous nous épanouissons à travers celui-ci. Il détermine notre place dans la société. Il nous permet de satisfaire nos besoins et donc, de vivre décemment. Pourtant, il peut également être source de souffrances : nous le subissons parfois, voire souvent. Il est source de stress, parfois même de suicides. Il se déshumanise. Dans certains pays, il s'apparente à de l'esclavage, un esclavage que nous cautionnons en achetant les biens ainsi produits. Il nous déchire, car nous croyons nous sentir mieux en accusant l'autre de nous le voler, de profiter de nous. Nous nous plaignons que le nôtre n'est pas reconnu à sa juste valeur, mais nous rabaissons constamment celui du voisin.

La France crée de la richesse tous les ans (1% de croissance par an). En France, pays des droits de l'homme, l'écart entre les riches et les pauvres se creuse. Notre système social est économiquement un frein dans un marché ouvert où l'amélioration des acquis sociaux n'est pas une priorité.

Tant que le travail sera considéré seulement au travers des indicateurs économiques, la pression sur les travailleurs et les inactifs ne cessera de croître. Cette pression s'accompagnera de précarité, de souffrance et de mal-être. Il est peut-être temps de prendre également en compte les indicateurs sociaux. Il est temps de cesser de croire que quantifier le prix de la santé, de l'éducation, de la recherche, serait le bon moyen pour leur redonner de la valeur. Car le but de la vie ne semble pouvoir se résumer à l'accumulation de biens. Les biens, comme l'argent, n'étant qu'un représenté du vieux concept Néolithique de possession.

dimanche 23 octobre 2016

Nostalgie des temps anciens

Chers lecteurs,

Aujourd'hui j'ai le plaisir de partager avec vous une petite nouvelle sur le thème de la nostalgie. J'espère que vous tirerez autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire. Vous pouvez également consulter ou télécharger ce texte en PDF pour un meilleur confort de lecture.

Un silence surréaliste planait sur la plaine encore chargée de brume matinale. Sur le chemin de terre mal entretenu, un être de fer et d'acier traversa le paysage, rompant le calme et réveillant brutalement la nature alentour. L'homme, caparaçonné de plates, son casque d'airain à visière vissé sur sa tête, l'étendard brandi bien haut pour afficher ses couleurs, avançait péniblement sous le poids de son armure. Point de monture pour le porter, mais la volonté qu'affichent ces héros dont la quête transcende tout, la fatigue, la douleur, la faim ou la soif. Le guerrier gravit en ahanant la pente qui menait en haut de la colline. Il parvint alors à l'entrée d'une grotte. Fichant sa bannière en terre, il poussa le hurlement de défi suivant, empreint de la noblesse qui caractérise les Braves : "Chale troll, chors de ton antre que ch'te coupe en morcheaux pour t'donner à bouffailler à mes chiens !"

Une silhouette de cauchemar émergea progressivement de l'obscurité de la caverne. Une créature immense, deux à trois fois la taille d'un homme, une peau squameuse à la manière des reptiles, de la même couleur que le roc. Des membres puissants, aux mains épaisses munies d'ongles griffus. Un visage taillé au marteau terminé par une gueule énorme et des dents longues, longues... Le troll déplia ses membres, rendus raides par l'attente, et lança un bâillement qui pouvait au besoin servir de rugissement. Le valeureux guerrier lui fonça dessus en moulinant de sa lame ébréchée. Le monstre ne chercha pas à l'éviter ; tandis que l'énergumène parvenait à portée, dans un cliquetis brinquebalant d'armure rouillée, la créature abattit son poing d'un geste précis né de l'habitude. La mâchoire de l'homme lui rentra dans les talons en un gargouillis sonore suivi d'un geyser de sang ; c'en fut fini du combat épique.

Le troll poussa un nouveau soupir, et une larme perla au coin de son oeil, qu'il effaça d'un revers de sa large paluche. Rien ne servait d'être nostalgique. Le passé était le passé. Il fallait vivre avec son temps. Avancer, continuer à tenir son rôle. Autant de slogans et de dictons qu'il s'était maintes et maintes fois serinés, mais qui ne suffisaient pas à lui redonner son allant d'antan. Les temps avaient changé, certes, et pas en bien...

Le troll se souvenait des combats épiques des temps anciens ; des princesses enlevées dans des châteaux en flammes, des combattants de tous les pays qui accouraient, dans l'espoir de sauver la damoiselle et d'obtenir sa main. Il se remémorait les luttes sanglantes, les duels meurtriers, suivant du doigt avec émotion le contour de telle marque laissée par tel chevalier, de telle cicatrice souvenir d'un combat mémorable. On savait se battre, dans le temps. On se bagarrait avec classe, avec astuce et puissance à la fois. On était capable de rivaliser d'adresse pour rendre ces joutes palpitantes. Et les princesses, de véritables dames au sang bleu et au goût de noisette ou de myrtille. Ca oui, les temps avaient changé !

Le troll retourna dans l'obscurité moite de sa tanière, tandis que le braillement de la princesse poursuivait sa mélopée sonore. Il n'avait pas eu le coeur de la tuer ; elle avait mauvais goût, et puis ses piaillements de désespoir faisaient passer le temps. Plongé dans ses regrets, le troll s'endormit, bercé par les hurlements aristocratiques. Il rêva d'autres temps, d'autres lieux, son visage éclairé d'un sourire apaisé.

samedi 15 octobre 2016

Analogies entre jeu de rôle et jeu vidéo

Aujourd'hui il m'est venu l'envie de comparer le jeu de rôle au jeu vidéo. Cet article est une réflexion personnelle plutôt qu'un article de fond, merci de le lire dans ce sens et avec bienveillance. Je commence par quelques définitions pour expliquer quel sens que je donne aux mots dans la suite de l'article.

Monde ouvert : Un monde ouvert est un monde que le joueur peut explorer librement, sans lieux inaccessibles, sans espaces compartimentés par des temps de chargement et sans zones "couloir". En bref : sans barrières articficielles.

Bac-à-sable : Egalement appelé sandbox. Un jeu bac-à-sable est un jeu dans lequel le joueur se crée ses propres objectifs et dans lequel il n'y a pas une trame scénaristique prédéfinie ou imposée.

Par exemple : Minecraft est un monde ouvert et un sandbox. Certains jeux vidéo peuvent être en monde ouvert mais pas en sandbox, par exemple certains RPG.

Omniprésence du monde ouvert en JDR

On pourrait dire que le développement de la technologie a permis de créer en jeu vidéo ce que le JDR fait depuis des décennies. La plupart des JDR du commerce nous garantissent un monde ouvert bien documenté, à travers un univers encyclopédique détaillé dans le bouquin de JDR. La plupart des JDR du commerce sont construits comme des sandbox, puisqu'on promet aux acheteurs que le système est capable de gérer toutes les situations et de s'adapter à n'importe quel objectif de jeu. Les systèmes de jeu sont de type simulationniste, c'est-à-dire qu'ils mettent en avant leur capacité à gérer l'ensemble des situations de manière cohérente.

Dichotomie entre les jeux et les scénarios

Ces JDR que je qualifie de type bac-à-sable, fonctionnent le plus souvent avec des scénarios linéaires (voir le très bon article d'Acritarche sur les différents types de scénario). C'est-à-dire que la trame scénaristique est définie du début à la fin, par scènes qui sont des passages obligés, comme un couloir que les joueurs sont obligés d'emprunter. Parfois, ces scénarios sont un peu plus sophistiqués et proposent des embranchements, tout comme de nombreux jeux vidéo de type "action-RPG". Il revient alors au MJ (Meneur de Jeu) de pratiquer la technique de l'illusionniste, consistant à donner l'impression au joueur qu'il a le choix, alors que cette liberté est totalement illusoire.

(Illustration issue du blog Serial-ralistes)

J'ai toujours trouvé qu'il y avait une dichotomie incompréhensible, entre le jeu et son scénario dans la plupart des JDR. D'un côté, une volonté de proposer des univers extrêmement détaillés et des systèmes permettant de gérer toutes les situations. De l'autre côté, un cadre restrictif qui supprime toute forme de liberté pour les joueurs, reposant entièrement sur l'habileté du MJ pour faire illusion. Pourquoi une telle dichotomie ? Je n'ai pas la réponse. J'émets une hypothèse : le jeu est conçu comme un monde ouvert et un bac à sable pour le MJ, mais pas pour les joueurs. Monde ouvert et bac à sable sont des arguments commerciaux dans le jeu vidéo tout comme dans le jeu de rôle. C'est le MJ qui achète les jeux, c'est donc lui qu'il convient de convaincre en lui proposant un maximum de liberté. La liberté des joueurs passe au second plan parce que ce n'est pas un argument commercial. L'argument du "on a toujours fait comme ça" doit également être une des raisons.

Problématique du maillage dans le monde ouvert

Le monde ouvert est longtemps resté anecdotique en jeu vidéo ; il s'est développé en même temps que la technologie et avec l'explosion des budgets du jeu vidéo. Si l'on part du principe que le monde ouvert nécessite une plus grande technologie en jeu vidéo, on peut en déduire que cela nécessite également une plus grande technique en JDR : technique au niveau des mécaniques de jeu, mais aussi technique au niveau de la capacité du MJ à maîtriser sa partie.

Pour bien gérer sa partie de JDR, le MJ doit posséder un cadre qui lui permet de maîtriser toutes les situations possibles. C'est ce que j'appelle un maillage : chaque situation possible doit être gérable grâce au scénario, à l'univers ou au système de jeu. Plus ce maillage est fin, plus il permet de soutenir le MJ dans la gestion de la partie. Mais plus ce maillage est fin, plus il est complexe à gérer, et plus il demande au MJ un long apprentissage.

Pour l'exemple : Il est facile pour le MJ de gérer un accouchement difficile s'il y a une règle des accouchements difficiles dans le bouquin. MAIS, cela signifie que : il doit retrouver la règle dans le livre (ou avoir appris 350+ pages par coeur), il doit la lire, il doit faire faire un certain nombre de lancers de dés à ses joueurs. C'est simple, ça guide le MJ, mais c'est lourd, c'est long et ça casse le rythme de la partie.

Comme les JDR de type "monde ouvert" proposent un maillage très fin de la résolution des actions au sein d'un univers extrêmement détaillé, il devient nécessaire de simplifier ce qui peut l'être pour aider le MJ : notamment la gestion du scénario. C'est ainsi qu'au sein du scénario, les situations sont totalement cadrées. Ainsi, le MJ ne gère qu'un petit morceau de ce maillage très fin lors de chaque partie.

Résultat : un jeu élaboré comme un monde ouvert de type bac à sable est joué comme un jeu de plate-formes. J'ai toujours trouvé que c'était un épouvantable gâchis.

(Illustration issue du blog Serial-ralistes)

JDR : à quand de nouveaux horizons ?

Le jeu vidéo connaît une renaissance ces dernières années avec l'émergence de studios indépendants qui proposent des jeux innovants. Ce fut le cas de Minecraft, véritable ovni du monde vidéoludique. On peut en citer plein d'autres : Dwarf fortress, Terraria, Binding of Isaac, Stardew valley, Project zomboid, Out there omega, Don't starve, Risk of rain... Je sépare grossièrement (et un peu arbitrairement) ces jeux en deux groupes : les rogue-like et les bacs à sable. Les rogue-like proposent d'explorer de manière très approfondie une ambiance et une mécanique spécifiques. Les bacs à sable proposent une grande liberté au joueur dans la création de ses propres objectifs et donc, finalement, de son propre jeu au sein du jeu. Je suis grand amateur des deux types de jeu.

Si l'on poursuit le parallèle avec le jeu vidéo, on peut imaginer l'émergence de deux types de JDR :

  • Des jeux "rogue-like", qui proposeraient d'expérimenter une situation ou une ambiance particulières, au travers de parties uniques ou "oneshot". Les mécaniques de jeu n'auraient pas vocation à gérer l'ensemble des situations possibles, seulement celles concernées ou souhaitées par le jeu. Elles seraient spécifiquement conçues pour mettre en exergue certaines problématiques, ambiances ou émotions. C'est ce que je tente de faire avec mon projet Supertension.
  • Des jeux "bac-à-sable", qui proposeraient aux joueurs de créer des parties dans lesquelles ils choisissent eux-mêmes leurs objectifs. Ces jeux peuvent être avec MJ, sans MJ, ou avec MJ "tournant", selon la manière dont on gère l'univers autour des joueurs. Comme on l'a vu, le maillage devient complexe à gérer dès lors qu'il est trop fin. Il faut donc envisager pour ces jeux une résolution d'action simplifiée, un maillage large. Si le maillage est simplifié, cela permet de mettre l'accent sur la création d'outils propres au bac à sable : génération du scénario, mise en place facilitée d'évènements intéressants à jouer, possibilité pour les joueurs de se créer leurs propres objectifs de jeu... C'est ce que je tente de faire avec un autre de mes projets, que je n'ai pas encore rendu public.

Dans la pratique, ces jeux existent déjà : Sombre de Johan Scipion, les jeux du Grümph, ceux des Ateliers imaginaires... Je trouve vraiment dommage que ces jeux ne se démocratisent pas, notamment dans un cadre commercial. Je n'ai pas une vision globale sur cette question ; en tout cas, les rôlistes que je rencontre jouent quasiment tous avec des scénarios-couloirs dans des jeux en monde ouvert.

Note : cet article ne se prétend pas un article de fond mais plutôt une réflexion personnelle. N'hésitez pas à me donner votre avis, je serai heureux d'approfondir ma compréhension du sujet grâce à vous.